Abe Odedina - Boys will be Boys

22 050,00 €

Abe Odedina
Boys will be Boys, 2010-2011
Acrylique sur bois
Pièce unique
120 × 60 cm

Photos : © Tous droits réservés

Abe Odedina
Boys will be Boys, 2010-2011
Acrylique sur bois
Pièce unique
120 × 60 cm

Photos : © Tous droits réservés

A propos de l’oeuvre : Dans cette œuvre saisissante, Abe Odedina explore avec ironie et profondeur la construction de la masculinité et la transmission des codes culturels d’une génération à l’autre. Boys Will Be Boys met en scène un père et son fils, peints à la manière de figures iconiques, tatoués de symboles, de lettres et de motifs graphiques rappelant à la fois les codes du tatouage populaire, les enseignes de rue et la symbolique mystique yoruba. Le fond doré, caractéristique du style de l’artiste, confère à la scène une dimension quasi sacrée, tandis que la phrase inscrite sur la bannière — “Boys Will Be Boys” — introduit une note critique et ambiguë, oscillant entre fierté et mise en question. Les deux personnages, vêtus de simples sous-vêtements rouges, incarnent une masculinité à la fois vulnérable et performative. Le père, couvert de signes — cœurs, croix, couronnes, chiffres —, semble exhiber une identité façonnée par la société et ses injonctions viriles. Le fils, son double en devenir, répète déjà ces symboles et gestes, suggérant la reproduction des comportements et des mythes masculins. En reprenant une phrase courante souvent utilisée pour excuser les excès ou les violences des hommes, Odedina en fait un miroir critique, interrogeant ce que signifie réellement “être un homme”.

A propos de l’artiste : Abe Odedina, Né à Ibadan en 1960, est un artiste d’origine nigériane, aujourd’hui basé entre Londres et Salvador de Bahia. Initialement formé et actif comme architecte, il découvre la peinture en 2007 lors d’un voyage au Brésil, expérience qui transforme radicalement sa trajectoire artistique. Sa pratique, qu’il décrit comme un « art populaire », s’affranchit des classifications conventionnelles pour créer un langage pictural vibrant, ancré dans les mythologies yoruba, les récits oraux africains et l’imagerie contemporaine. Odedina travaille principalement à l’acrylique sur bois, privilégiant le contreplaqué plutôt que la toile, afin de donner à ses œuvres une dimension matérielle proche des fresques murales ou des enseignes peintes. Ses figures — mi-humaines, mi-symboliques — évoluent dans des compositions colorées et minimalistes, souvent accompagnées de textes ou d’inscriptions poétiques. Elles incarnent des archétypes universels : héros, dieux, travailleurs, amants — autant de figures de la vie quotidienne transfigurées par la spiritualité et le mythe. Lauréat du Ellsworth Kelly Award en 2017 (en collaboration avec The Underground Museum, Los Angeles), Abe Odedina a exposé à de nombreuses reprises à Londres, New York, Lagos, Los Angeles et São Paulo. Ses œuvres figurent dans d’importantes collections privées et publiques à travers le monde. Son art, profondément narratif et humaniste, propose une conversation entre passé et présent, entre Afrique et diaspora, où la couleur, la symbolique et la parole deviennent des vecteurs de mémoire et de résistance.

Avis de l’expert : Boys Will Be Boys illustre magistralement la capacité d’Abe Odedina à fusionner narration populaire, iconographie spirituelle et satire sociale. L’artiste détourne ici les codes du folklore visuel — couleurs franches, symétrie, frontalité — pour aborder un thème universel : la transmission de la virilité et ses dérives culturelles. Sous l’apparence ludique et presque carnavalesque de la scène, se cache une réflexion profonde sur la condition masculine, l’éducation émotionnelle et la responsabilité générationnelle. Odedina, formé comme architecte avant de devenir peintre, construit ses compositions avec une rigueur structurelle et une conscience narrative remarquable. L’usage du doré, qui évoque à la fois la peinture religieuse et la statuaire africaine, sacralise des figures ordinaires et les érige en icônes contemporaines. Boys Will Be Boys se situe ainsi entre le mythe et la critique, entre l’amour paternel et la mise en question du patriarcat — un dialogue subtil, empreint d’humour et de tendresse, au cœur de la démarche de l’artiste.