Vhils - Layer

A propos de l’oeuvre : Dans cette œuvre intitulée Layer, Vhils poursuit son exploration de la mémoire urbaine et du processus de révélation à travers la matière. Comme dans ses précédentes créations, l’artiste travaille à partir de couches de papier sérigraphié qu’il use, gratte et arrache, révélant un réseau complexe de textures et de couleurs. Ici, la composition se distingue par la présence d’un regard émergeant à travers la densité graphique — un œil à demi dissimulé par des strates de lignes, d’éclats et de traces. Cette figure, à la fois humaine et spectrale, semble observer depuis les profondeurs de la matière, comme la mémoire d’un visage enfoui sous les surfaces du temps. Les superpositions de couleurs — jaunes, argentées, noires et bleutées — évoquent les murs d’une ville saturés d’affiches, de graffitis et d’effacements successifs. Chaque marque porte la trace d’un geste, d’un passage, d’une disparition. Layer II apparaît alors comme une cartographie poétique de l’éphémère, où la surface devient un palimpseste vibrant de mémoire et de silence.

A propos de l’artiste : Alexandre Farto, alias Vhils, artiste portugais né en 1987. Vit et travaille à Lisbonne (Portugal). Il devient actif au début des années 2000 dans le milieu des artistes de graffiti à Lisbonne. En 2008, Banksy l'invite à participer à l'évènement Cans Festival de Londres, où son travail est immédiatement reconnu et célébré comme l'un des plus novateurs de ces dernières années sur la scène urbaine. Il expose aujourd'hui dans des institutions majeures à travers le monde comme le Centre Pompidou à Paris, le CAFA Art Museum à Pékin, ou encore le Cincinnati Contemporary Art Center, qui lui consacre sa première exposition monographique aux Etats-Unis en 2020. Jusqu’en septembre 2022, le MAAT (Museum of Art, Architecture and Technology) de Lisbonne lui dédie une exposition monumentale et immersive entièrement tournée vers la vidéo. L’artiste y développe un nouveau langage en donnant une image de la ville en ralenti via le slow motion.

Avis de l’expert : Avec Layer, Vhils confirme sa capacité à faire dialoguer destruction et création dans un équilibre d’une grande sensibilité. En transposant son langage mural au médium du papier, il transforme la sérigraphie en terrain d’expérimentation plastique : chaque déchirure, chaque éclat d’encre devient un acte de sculpture. La présence de l’œil, motif récurrent dans son œuvre, introduit ici une dimension introspective — celle du regard qui observe le monde, mais aussi celle du monde qui nous regarde en retour. Cette pièce unique incarne la philosophie de Vhils : révéler la beauté cachée dans ce qui est voué à disparaître. Layer II capture l’énergie brute de la ville tout en en dévoilant la fragilité, offrant une méditation sur le passage du temps, la mémoire collective et la persistance de l’humain dans la matière. Par la richesse de sa texture et la profondeur de son symbole, cette œuvre s’impose comme une synthèse magistrale de la démarche de l’artiste portugais.