À propos de l’oeuvre : Dans cette sculpture sans titre, Jeremy Thomas poursuit son exploration fascinante du métal comme matière vivante, capable de respirer, de se plier et de se transformer sous la pression de l’air. L’œuvre, caractéristique de sa série de sculptures dites « gonflables », naît d’un procédé singulier : Thomas soude d’abord des plaques d’acier ou d’aluminium en formes géométriques fermées, puis les gonfle à l’aide d’air comprimé, forçant la matière à se déformer, à se tordre et à s’épanouir selon ses propres lois physiques. Ici, le métal jaune brillant épouse la courbe du fer rouillé, créant une tension entre douceur et résistance, contrôle et hasard, industriel et organique. La surface éclatante, recouverte d’une poudre pigmentée lisse, contraste avec la texture brute et oxydée du cœur de la sculpture. Ce dialogue chromatique, entre l’éclat artificiel du jaune et la chaleur terreuse de la rouille, évoque la rencontre entre machine et nature, entre la précision mécanique et l’aléatoire du vivant. À la fois monumentale et sensuelle, la pièce semble figée dans un mouvement d’expansion, comme une bulle métallique sur le point d’éclater.
À propos de l’artiste : Artiste américain, né en 1970. Vit et travaille à Los Angeles (USA). Muraliste, illustrateur, sérigraphiste, Shepard Fairey (Obey) est l’un des artistes les plus influents de l’art urbain. Influencé par Andy Warhol, Barbara Kruger ou encore Diego Rivera, il est notamment connu pour le portrait HOPE de Barack Obama qu’il réalise pour sa campagne présidentielle en 2008 et qui a depuis été acquise par le National Portrait Gallery (Washington, USA). A la suite des attentats du 13 novembre 2015 en France, Shepard Fairey réalise une Marianne avec la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », une œuvre aujourd’hui devenue un symbole national et exposée au palais de l’Élysée. En 2019, il réalise sa centième fresque place Igor Stravinsky à Paris à côté du Centre Pompidou. A la renommée internationale, Shepard Fairey est présent dans les collections du Smithsonian (Washington, USA), du musée d’art Moderne de New-York (USA), du Victoria and Albert Museum (Londres, Royaume-Uni). Il a également exposé dans des lieux prestigieux comme la Fondation Cartier lors de l’exposition « Né dans la rue - Graffiti » en 2009 ou encore à l’Institute of Contemporary Art de Boston (USA) où sa rétrospective « Supply & Demand » était organisée en 2009.
Avis de l’expert : Cette sculpture incarne à merveille la démarche de Jeremy Thomas, où la création devient une expérience physique et intuitive. Refusant de « dompter » la matière, l’artiste lui laisse la liberté de se façonner sous l’effet de la pression, confiant le résultat au hasard des tensions internes du métal. Ce processus transforme chaque œuvre en une forme unique et irréplicable, témoignage d’une collaboration entre l’artiste, la matière et la force invisible de l’air. L’œuvre se distingue par la qualité de son équilibre formel : les plis et gonflements du métal composent une géométrie fluide, presque organique, tandis que la couleur, appliquée avec rigueur industrielle, en accentue la dimension sensuelle et sculpturale. Par cette tension entre le calcul et l’imprévisible, Thomas renouvelle le langage de la sculpture contemporaine. Sans titre exprime pleinement sa philosophie : faire de l’art non comme un geste de maîtrise, mais comme un acte de jeu, où la science et la poésie s’unissent pour donner naissance à des formes aussi puissantes que fragiles.