Curated #2 - Le Sacré


Si les sociologues et penseurs de toutes obédiences n’ont cessé d’annoncer la mort de la religion, le sacré n’a jamais quitté les pratiques humaines. Il a changé de forme, a joué avec son expression et s’est porté sur de nouveaux objets, mais il a conservé son immanence. 

Pour sa deuxième exposition, Artransfer propose à ses collectionneurs de découvrir ou de redécouvrir les pièces de son catalogue par le prisme de la sacralité en observant la manière dont les artistes contemporains convoquent le fait religieux, les icônes et le rapport au corps.

Requiem


 

Autrefois hégémonique et contraignant, le fait religieux est devenu pluriel et diffus. Jouant avec les codes des rituels religieux, certains artistes ont réactivé le sacré par le biais de cérémonies décalées. Convoquons pour exemple Michel Journiac et sa célèbre Messe pour un corps. D’autres, comme Andres Serrano, ont proposé des versions controversées de l’iconographie codifiée de la Passion du Christ avec son fameux Piss Christ. Ces expressions nouvelles du fait religieux démontrent la puissance du sujet, éternellement réactivé par les artistes et où se mêlent fascination, admiration et critique.

« L'art devrait réconforter les perturbés et perturber ceux qui sont confortables »

— Banksy

Eugenio Merino
Wonder Woman, 2008
Feutre sur papier
78 x 57 cm

Mike Giant
Sorcellerie, 2009
Encre sur papier
30 x 40 cm

Huang Yan
Mao's portrait, triptyque, 2005
Impression numérique
150 x 120 (chacune) / 150 x 360 (l’ensemble)
Ed. 14/15

Dans ce triptyque, Huang Yan reprend les portraits officiels de propagande du dictateur chinois Mao Zedong. Par l’uniformisation qu’apporte le floutage, l’artiste fait dialoguer ces images politiques sacrées et inviolables. Il est ici question de la place du sacré et des possibles transgressions permises aux artistes. Huang Yan décide de jouer avec les codes et d’éviter astucieusement la censure tout en la représentant. Elle devient alors sujet de l'œuvre, brouillard au-dessus de la toile, tel un interdit protégeant le sacré.

Be iconic


 

De nouvelles religions impliquent de nouvelles icônes auxquels les fidèles contemporains vouent un culte pop. C'est ainsi que certains symboles, tels que les Space Invaders de l'artiste éponyme ou les Pointmen de Futura, sont devenus de véritables icônes de la Pop culture. L’histoire se rejoue où prophètes, icônes et dévots s’organisent en religion d’un nouveau genre.

Futura
Untitled, 2013
Marqueurs sur papier
55 x 76 cm

 
 

Invader
Hypnosis, 2011
Sérigraphie
25 x 30 cm (non encadré)
Ed. 28/50

Jeanette Hayes
Sailor Moon with Crystal (from the DeMooning series), 2015
Huile sur toile vinyle montée sur châssis de bois plein
152 x 127 cm

« J’ai gardé le nom du jeu comme alias parce que c’est une définition parfaite de mon travail. Je suis un envahisseur de l’espace. »

— Invader à propos de son nom d'artiste

Wang Qiang
Linear City, 2006
Technique mixte
120 x 800 cm

C’est le cas notamment de Wang Qiang qui dans son œuvre Linear City reprend l’univers de Neon Genesis Evangelion. Cette série d’animation japonaise, ayant connu un vif succès dès sa diffusion à la fin des années 1990 a marqué toute une génération et continue à être un véritable phénomène de la culture pop. Convoquant des références bibliques, la série est plongée dans un univers de science-fiction post-apocalyptique. Les personnages de la saga, qui symbolisent les luttes contemporaines, sont devenus des icônes d’ampleur internationale. C’est également le cas de Sailor Moon qui incarne la lutte pour un monde plus juste.

 

Au nom du corps


 

Le corps, objet et vecteur du sacré, a toujours préoccupé les croyances. Conscient des symboles et luttes qu’il véhicule, les artistes en ont fait un vecteur artistique. Dès les années 1960 il n’est plus seulement le sujet d’une expression artistique, mais devient un véritable médium. Support ou objet de souffrance, il est au cœur d’une pratique nouvelle : la performance. L’artiste interroge le rapport de la société au corps et celui que nous entretenons avec lui.

Gregory Halili
Untitled, 2017
Huile sur nacre
3,3 x 4,9 x 1,19 cm (non encadré)
Plexiglas de musée anti-UV (encadrement selon les recommandations de l’artiste)

 
 

VHILS
Fragmentation Series #05, 2012
Encre et décolorant sur papier
213 x 153 cm

Prune Nourry
Terracotta Daughter #8 (Lithograph), 2013
Lithographie
70 x 50 cm
Ed. 6/12 EA (Édition de 80 avec 12 épreuves d'artiste)


Curated by Maÿlis Le Roux