A propos de l’oeuvre : Cette sculpture en bronze de Sacha Sosno reprend l’un des principes fondateurs de son œuvre : l’oblitération, cet art de “cacher pour mieux voir”. Le torse féminin, inspiré des canons classiques, est fragmenté par des formes évoquant des pièces de puzzle qui s’emboîtent et se séparent. En interrompant volontairement les volumes, Sosno crée un jeu subtil entre présence et absence, continuité et rupture. La patine profonde renforce l’effet sculptural et met en valeur les transitions douces entre les fragments. Malgré son format intime, l’œuvre possède une forte densité symbolique : le regard est invité à recomposer mentalement le corps, à restituer ce qui manque, à imaginer ce qui a été soustrait. Cette participation du spectateur est au cœur de l’esthétique de Sosno.
A propos de l’artiste : Alexandre Joseph Sosnowsky, dit Sacha Sosno (1937, Marseille – 2013, Monaco), est un sculpteur, peintre et plasticien français associé à l’École de Nice. Il passe son enfance entre Riga et Nice, où il croise très tôt Henri Matisse, puis rencontre dans les années 1950 Yves Klein et Arman, qui marquent profondément sa réflexion artistique. Installé à Paris à la fin des années 1950, il étudie les sciences politiques et les langues orientales, tout en travaillant comme photographe et reporter, notamment en Irlande du Nord, au Bangladesh et au Biafra. De retour à Nice, il fonde en 1961 la revue Sud-Communications dans laquelle il publie la première théorie de l’École de Nice. Sosno développe ensuite son concept majeur, celui de l’« oblitération » – « cacher pour mieux voir » –, qu’il décline en peinture, sculpture, photographie et architecture. Ses œuvres monumentales en extérieur, dont la célèbre Tête Carrée abritant la bibliothèque Louis-Nucéra à Nice, lui valent une reconnaissance internationale. Son travail, fait de vides, de masques et de formes interrompues, invite le regardeur à recomposer mentalement l’image, faisant de l’absence un véritable moteur de la perception
Avis de l’expert : Cette pièce constitue un excellent exemple du langage sculptural de Sosno au début des années 2000. Sa maîtrise du bronze, alliée à la rigueur conceptuelle de l’oblitération, en fait une œuvre recherchée dans les éditions de petit format. L’édition 1/8, position particulièrement convoitée, renforce l’intérêt pour les collectionneurs. La qualité d’exécution, l’équilibre entre fragmentation et harmonie, ainsi que la cohérence avec les grandes lignes de l’École de Nice en font une sculpture représentative et solide sur le plan muséal. C’est une œuvre qui résume parfaitement la démarche de Sosno : donner forme au manque, faire naître du vide un nouvel espace de perception.