Ne rien mentir - Patrick Sainton

À propos de l’oeuvre : Cette composition-papier, dont les feuilles et le carton marqués par l’usage, brunit par le soleil ou bien inscrits volontairement, forme un tout. Par un bout de scotch grossièrement découpé, y est juxtaposée l’esquisse d’un arbre, motif récurrent dans le travail de Patrick Sainton. Dans l’ensemble de la composition, il fait discuter les lignes verticales et horizontales entre elles, accentué par l’écriture en lettres capitales soutenues par un trait léger lui permettant une parfaite linéarité. Les traces de pas et autres salissures présentes sur le support en carton témoignent directement de la créativité de l'artiste, il réutilise des objets sur lesquels il marche, trébuche peut-être. Plus qu’une œuvre, le regardeur est confronté au processus créatif de l’artiste. Il fait devenir art, ce qui pour d'autres n'est que matériau. Si la douceur d’une quasi-monochromie apporte une certaine homogénéité aux vides devenus pleins, l’expression “Ne rien mentir” donnant son titre à l'œuvre, elle, interroge. Il joue sur les mots, les textures, les émotions et il questionne. À la manière dada de Duchamp, Patrick Sainton juxtapose, colle, assemble ce qu’il voit et qui l’inspire. Son travail est la réflexion de son instinct artistique, de ses émotions ; son œuvre est l’extériorisation de son moi intérieur. Si le regardeur peut difficilement comprendre d’un coup d’œil l’œuvre, l’artiste l’oblige à participer à sa création, telle une feuille blanche sur laquelle se dessine le regard qui s’y pose. Avec élégance et simplicité, Patrick Sainton dépose sur le mur les couleurs de sa poésie.

À propos de l’artiste : 
Né en 1956, Patrick Sainton est un artiste-peintre - plasticien français vivant à Marseille. Jouant entre écrits, collages, dessins et peinture, il travaille de manière poétique les thèmes de l’individu et l’intériorité avec hasard et instinct. Connu pour sa série Poèmes Tombés, il dépose sur la surface du papier quelques mots collectés dans les journaux. Ses compositions, entre abstraction et figuration, perturbent volontairement la compréhension du spectateur. Patrick Sainton a fait de nombreuses expositions, notamment en France. En 1992, il fait partie d’une exposition collective au centre George Pompidou (Paris), en 1999 à Liège ou encore en 2006 au Musée départemental de Gap. Également écrivain, dont les mots sont aussi bien poétiques que philosophiques, il publie 3 ouvrages entre 1997 et 2009 : Abandons, Ce soir j'aperçois ma tête d’orage, et Battre le cœur. Battre.

Avis de l’expert : Cette œuvre ayant fait partie de l’exposition Autoportrait en 2001 à Aix-en-Provence et en 2007 à Lyon, illustre parfaitement le travail poétique de Patrick Sainton et sa volonté “de peindre avec d’autres matériaux”.